• En hommage au castrat du 18ème siècle Gaetano Caffarelli, voilà un album choc que vient de sortir Franco Fagioli dont l'hallucinante prestation scénique et vocale dans l'Artaserse de Vinci l'année dernière avait mis en transe le public de l'Opéra National de Lorraine à Nancy.

    On retrouve ici toutes les incroyables qualités de cette voix exceptionnelle, hors normes! Le timbre, bien qu'il ne soit pas sans rappeler au détour de certaines intonations celui de Cecilia Bartoli, est unique dans son incandescence et dans ce mélange de virilité, de douceur, de sensualité. Le technicien est proprement stupéfiant de virtuosité, de longueur inépuisable de souffle, d'étendue vocale jusque dans un suraigu vertigineux et éclatant. L'interprète est vibrant, tantôt tendre et mélancolique tantôt volcanique dans ses éclats de bravoure. Tout respire ici à la fois la jubilation du chant, la sensibilité musicale et le théâtre.

    La direction orchestrale couve amoureusement le chanteur et lui offre un écrin de grande eau.

    L'album permet en outre de découvrir des pages rares et inspirées de Hasse, Vinci, Leo, Popora, Pergolesi, Cafaro, Sarro et Manna.

    Un must absolu!


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    Barbara FRITTOLI - MOZART

     

     Un petit bijou que ce récital Mozart de Barbara Frittoli! La jeune cantatrice milanaise signe ici un hommage vibrant à celui qu'elle considère comme étant son compositeur fétiche. Les morceaux retenus sont: les 2 airs de Fiordiligi (Cosi fan tutte), les 2 airs de La Comtesse (Le Nozze di Figaro), le dernier air d'Elettra (Idomeneo), le troisième air de Donna Elvira et le deuxième air de Donna Anna (Don Giovanni) et pour finir l'air de concert K528 - Bella mia fiamma, addio!

    Le timbre de Frittoli est magnifique, charnu, rond, plein! La voix ardente offre une projection insolente, la technique est superbement maîtrisée et la caractérisation dramatique (si difficile dans un récital!) est extraordinaire ce qui nous vaut par exemple une Elettra hallucinée et hallucinante, une Fiordiligi légèrement hystérique dans son premier air et douloureusement passionnée dans son deuxième, une Elvira fougueuse, une Anna intense et de grande classe, une Comtesse légèrement désabusée surtout dans son deuxième air, le premier air -Porgi, amor- entaché par un vibrato assez nettement marqué manquant en revanche un peu de cet abandon rêveur qui en fait tout le cachet!

    Elle respecte avec aplomb toutes les variations de l'époque rétablies par Mackerras qui, lui, dirige le Scottish Chamber Orchestra avec la fougue qu'on lui connaît bien et un sens du détail orchestral qui n'a rien à envier à celui de certains chefs "baroqueux" qui font fi de la pure beauté sonore! La musique de Mozart n'a nul besoin des aspérités dont certains nous rebattent les oreilles!

    Bref! A connaître absolument!


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  •  La lecture du cast de cette version du Requiem de Verdi parue chez Philips sous la direction de Valery Gergiev avec Renée Fleming, Olga Borodina, Andrea Bocelli et Ildebrando D'Arcangelo peut susciter trois attitudes différentes: soit on adore Bocelli (!!!) et on se précipitera sur ce produit sans se soucier de la réelle valeur d'une prestation en tout point discutable, soit on l'exècre et on rejettera le tout quelle que soit la qualité des autres prestations, soit on est intrigué par le mariage de voix si incompatibles et on en fait l'acquisition non sans se jurer de ramener le disque à la première occasion! 

    Eh bien! Il faut reconnaître que cet enregistrement est loin d'être la catastrophe que l'on était en droit d'appréhender! Précisons tout d'abord que la prise de son est très intelligente, ne surexpose pas les solistes (On pouvait craindre le pire à cause de Bocelli!) mais ne les noie pas non plus dans une masse orchestrale et chorale imposante! Tout ici sonne grand, ample mais de manière équilibrée: le résultat est très impressionnant! En outre, la direction de Gergiev est une des plus belles de la discographie de l'oeuvre: elle est à mettre sur le même plan que celle de Giulini I, Solti I, Abbado: elle rend justice avec un rare bonheur à la double composante de l'ouvrage: recueillie et théâtrale! Les solistes vont de l'excellent au pas trop mal! L'excellent ce sont les deux femmes: Fleming et Borodina! Leurs voix sonnent glorieuses et s'entrelacent divinement (un vrai régal!). Le must de cet enregistrement c'est bien évidemment le Libera me de Fleming même si un certain expressionisme quelque peu inutile ressort de façon trop marquée! D'Arcangelo assume sa partie de Basse mais il faut tout de même reconnaître que les références ne manquent pas et qu'elles viennent souvent à l'esprit quand on écoute le bel Ildebrando (notamment Talvela chez Solti et Ghiaurov chez Giulini). Ce qui manque un peu à D'Arcangelo, ce sont le creux de la voix et l'insolence de la projection! Enfin Andrea Bocelli, qui reste le point faible de cette version a parfois été une agréable surprise! Tout ce qui est insupportable chez Bocelli dans l'opéra a paru nettement moins pénible dans le Requiem de Verdi. La voix sonne toujours aussi maigre dans le haut médium, les sons fixes, notamment sur les voyelles fermées (é et i) restent insupportables et le moindre point d'orgue devient une épreuve pour l'oreille. En revanche, le grave et le bas médium s'adaptent assez bien à la partition et font que Bocelli, surtout quand il ne chante pas seul, s'intègre mieux que prévu aux trois autres solistes, ce qui ne l'empêche pas de rater son Ingemisco! Il va de soi qu'il ne tient pas la comparaison avec les grands ténors de la discographie et que nous sommes loin des interprétations vibrantes de Benjamino Gigli, Giuseppe di Stefano, Luciano Pavarotti auxquels viennent s'adjoindre Roberto Alagna dans la troisième version Abbado, Rolando Villazon et plus récemment Jonas Kaufmann. Mais pour Gergiev, Fleming, Borodina et une architecture sonore extraordinaire, on peut supporter Bocelli!


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  • Après un premier récital consacré au bel canto et au répertoire français, la cantatrice roumaine Elena Mosuc nous propose ici un album entièrement consacré à Mozart! Il faut préciser qu'Elena Mosuc est un soprano lirico-dramatico coloratura, ce qui fait d'elle d'emblée une interprète intéressante et adéquate non seulement pour les rôles de Constanze, Donna Anna et La Reine de la Nuit dont la plupart des airs se trouvent réunis dans ce disque, mais aussi pour des rôles issus du bel canto romantique qu'elle a chantés en alternance avec Edita Gruberova à Vienne et Munich! Elena Mosuc partage d'ailleurs avec Gruberova de nombreuses qualités vocales: un timbre très pur d'une grande intensité, une étendue vocale spectaculaire (jusqu'au contre-la), une technique sans faille, un souffle inépuisable et une projection insolente! En revanche, tous les petits "défauts" qu'on a coutume de reprocher à Gruberova (notamment ses aigus et suraigus pris par en dessous!) sont totalement absents du chant d'Elena Mosuc!

    Ici, elle parvient à donner des héroïnes mozartiennes un portrait d'une constante justesse dramatique: émouvante Zaïde, Constanze nostalgique, Comtesse Almaviva touchante dans son amour blessé, Donna Anna virulente, Reine de la Nuit impitoyable (attention! C'est elle qui reprend le rôle à Paris l'année prochaine!). La deuxième moitié du récital est consacrée aux airs de concert (Mia speranza adorata!… Ah, non sai, qual pena sia KV 416 et Vorrei spiegarvi, oh, Dio KV 418)et au répertoire sacré (Mass in C minor KV 427 Et incarnatus est et Exsultate, jubilate KV 165) qu'Elena Mosuc sert avec un égal bonheur!

    Un récital dont on aurait bien tort de se priver vu son petit prix et les joies vocales qu'il dispense!


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  • Fidèle à elle-même, la firme Opera Rara continue à se consacrer, tant dans ses intégrales que dans ses récitals, à la découverte ou la redécouverte d'œuvres du XIXème siècle injustement oubliées. Pour ce faire, elle s'est assurée la fidélité d'artistes émérites tels que Nelly Miricioiu. C'est à cette dernière que nous devons le présent récital qui est exclusivement consacré au Bel Canto. Quatre grandes scènes composées entre 1833 et 1836 consituent le programme de cet album: deux grands finals et deux scènes et arias. Le premier final, très rare, est extrait d'Emma d'Antiochia de Mercadante alors que le second, plus connu notamment grâce à Leyla Gencer qui contribua à la résurrection de cet opéra à la fin des années 1960, est tiré de Belisario de Donizetti. La première aria est une rareté absolue car composée par Sir Michael Costa à l'intention de Giulia Grisi pour la création londonienne de L'Assedio di Corinto de Rossini en 1834; le style qui se veut rossinien ne peut toutefois pas nier ses aspects donizettiens! La seconde aria est la romanza de l'acte II de Parisina de Donizetti, opéra moins inconnu notamment grâce à Montserrat Caballé et Mariella Devia. Pour qui connaît la voix de Nelly Miricioiu depuis plusieurs années, il n'échappera pas que les moyens vocaux ne sont plus tout à fait à leur zénith: d'année en année, l'étendue vocale s'est réduite et celle qui pouvait assurer avec vaillance le contre-mi a bien des difficultés dans cet album à monter au dessus du contre-ut! Quant à la vocalisation, elle n'est possible que de manière allégée, presque marquée! Cependant, dans les moments dramatiques, l'engagement de Miricioiu force l'admiration d'autant que le style est toujours respecté. Elle part vocalement à l'assaut de pages réellement éprouvantes et finit par en sortir victorieuse! Belle direction de David Parry totalement en phase avec cette musique!

    Un disque à acquérir pour la qualité du programme et pour la personnalité attachante de Nelly Miricioiu nonobstant certaines défaillances vocales!


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     Comme c'est difficile! Décidément comme c'est difficile de rendre justice à ce répertoire! Pourtant à priori tous les éléments étaient réunis pour faire de cette production d'octobre 2000 au théâtre Donizetti de Bergame une réussite, d'autant que l'option retenue était d'exécuter la partition dans son intégralité! L'acoustique légèrement réverbérante mais fort sympathique du théâtre Donizetti offre généralement d'excellentes conditions aux chanteurs mais les micros peuvent s'avérer d'une grande cruauté comme c'est le cas ici! En effet, comment accepter dans le rôle-titre la vocalisation de Dimitra Theodossiou, au timbre pourtant très intéressant, qui, "lue à la loupe", est trop souvent savonnée? Comment supporter ses aigus tendus et ses suraigus, réduits à de véritables cris stridents et qui feraient passer ceux de Renata Scotto pour sutherlandiens? Comment admettre dans le rôle de Lord Percy, si brillamment défendu il y a quelques années par Rockwell Blake, Chris Merritt et quelques autres, un ténor - Fabio Sartori - à l'intonation trop basse, à la projection peu assurée et aux aigus vacillants? Andrea Papi est très professionnel mais son interprétation est d'une fadeur incommensurable en Enrico! La seule véritable raison d'acquérir ce coffret, c'est le petit bijou que constitue la Giovanna Seymour de Sonia Ganassi au timbre superbe, à la vocalisation d'une grande facilité, respectueuse du style et remarquable dans son engagement dramatique! La direction vibrante et énergique de Tiziano Severini est l'autre atout de cet enregistrement qui n'est d'ailleurs nullement le premier de la discographie à jouer la carte de l'intégralité comme aime à le souligner la pochette! Rappelons au passage que DGG a ressorti la version enregistrée au début des années 1970 par Beverly Sills, que cette version est archi-intégrale et d'une autre tenue artistique que ce live de Bergame!

    Pour Sonia Ganassi et Tiziano Severini exclusivement!


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    Neuf ans après son premier enregistrement de Maria Stuarda chez PHILIPS aux côtés de Francisco Araïza, Agnès Baltsa et Simone Alaimo et sous la baguette de Giuseppe Patane, Edita Gruberova décide de confier à nouveau son incarnation du rôle-titre aux micros de Nightingale, firme qui lui est toute dévouée et qui lui donne l'occasion de laisser à la postérité la plupart de ses prises de rôles belcantistes! Autant le dire tout de suite, l'entourage vocal est très inférieur à celui de chez PHILIPS et seul, Octavio Arévalo, au timbre plutôt séduisant, garde une certaine tenue face à son illustre partenaire. Il est incontestable qu'Edita Gruberova a considérablement mûri sa conception du rôle de Maria et l'investissement dramatique se fait sentir. On pourra toutefois regretter une certaine fixation des sons notamment dans le haut médium mais au fil des actes, la voix s'échauffe et s'épanouit dans une superbe scène finale! Quel dommage que le regretté Marcello Viotti pratique ici des coupures devenues inadmissibles depuis plusieurs années et qui défigurent les fins d'airs, de duos, de trios, de finals! D'autant plus dommage que la battue est d'une efficacité incontestable!

    Pour les fans d'Edita Gruberova essentiellement!


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  • Très bel album verdien en ce bicentenaire de la naissance de Giuseppe Verdi. Kaufmann est superbement capté et flatté par cette prise de son qui gonfle audiblement ses réels moyens vocaux. Mais si on part du principe qu'on juge le produit proposé, alors oui c'est une réussite globale, avec un petit bémol pour un Duc de Mantoue qui n'est plus dans ses moyens actuels. La voix sort pleine, arrogante, pugnace, homogène. Désolé pour ceux qui vont s'effrayer de ce que je vais dire mais non seulement je trouve que ce timbre assombri rapproche plus d'une fois Kaufmann d'un Vickers mais, dans l'accentuation, dans l'accroche de l'articulation et dans la pulsation du verbe et dans l'arrogance presque évidente de l'aigu, j'ai retrouvé plus d'une fois Franco Bonisolli (et pour moi ce n'est pas un défaut!).

    Petites nuances tout de même: si son diminuendo dans Aida est effectivement superbement exécuté, le contre-ut du di quella pira n'est pas tenu très longtemps. Mais peu importe, il règne dans cet album une fièvre, une sensibilité et une urgence assez affolante et je comprends très bien qu'on ait envie d'entendre cette couleur vocale presque idéale (en tout cas bien davantage qu'un Alagna) dans Otello (qu'on me permette cependant d'avoir les plus grandes craintes car le format vocal ne suit pas la couleur, car hélas! Kaufmann n'est pas du tout du gabarit vocal d'un Domingo et encore moins d'un del Monaco)

    En tout cas, acquisition de cet album verdien vivement conseillée!


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  • Autant l'album Verdi de Jonas Kaufmann est une vraie belle réussite, autant celui de Placido Domingo chez le même éditeur est une véritable arnaque. Ce disque se veut un hommage à Verdi et ce, à commencer par la photo prétentieuse de la pochette montrant un Domingo grimé en Giuseppe Verdi. Or, rien n'est plus éloigné de l'authenticité verdienne que ce concentré d'arias pour baryton chantés par ... un ténor! Et à l'issue de l'écoute attentive de cet album, le seul message qu'on a envie de faire parvenir à Domingo c'est: "Mon pauvre Placido, tu auras beau faire, tes circonvolutions de répertoire ne changeront rien à la réalité de ta nature vocale: ténor tu es et ténor à tout jamais tu resteras!"

    Là est le problème de cet album au demeurant pas trop mal chanté: la voix affiche une santé vocale indéniable et même admirable au vu de l'âge de Domingo, le chant est négocié plutôt intelligemment et la sincérité même de l'artiste n'est pas en cause. Certaines notes blanchies et même creuses, un souffle raccourci, une certaine uniformité de la dynamique et un grave artificiellement grossi (merci les micros!) piquent toutefois méchamment l'oreille. Mais ce qui disqualifie l'entreprise même de cet album, c'est que Placido Domingo n'est pas un baryton et encore moins un baryton-Verdi et tous ces airs manquent entre autres de la couleur fondamentale qui leur est propre et Verdi qui a créé cette typologie vocale si particulière qu'est le baryton-Verdi se voit ici défiguré et même trahi par le chanteur qui prétend lui rendre hommage. Et de Macbeth à la Forza del destino en passant par Rigoletto, Ballo in maschera, La Traviata, Simon Boccanegra, Ernani, Il Trovatore et Don Carlo, on a toujours la même couleur ténorale sans grande distinction des différents personnages et l'ennui s'installe progressivement.

    Une curiosité exotique à ne surtout pas prendre comme référence verdienne même si certains incompétents se feront une joie de le faire ...!

    C'est comme si on demandait à Angela Gheorghiu de se lancer dans les rôles verdiens de Dolora Zajick !


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  • Sur le plan purement technique, la prise de son est une véritable splendeur sachant architecturer les différents plans sonores tant orchestraux que vocaux et conférer à l’ensemble une homogénéité inégalée et une vérité théâtrale très rarement obtenue dans un studio d’enregistrement. La direction de Solti fait montre d’une efficacité dramatique et avec l’aide d’un des plus beaux orchestres du monde, le Wiener Philharmoniker, met en valeur toutes les beautés de la partition. L’option retenue ici s’oriente davantage vers le conte de fées; toutefois les scènes dites maçonniques sont rendues avec beaucoup de majesté et de sobriété à la fois. Quant à la distribution, elle est tout simplement idéale dans le sens où DECCA a réuni pour cet enregistrement dans chacun des rôles tous les meilleurs interprètes du moment, lesquels, pour certains d’entre eux, ont été à ce jour peut-être parfois égalés mais jamais surpassés.

    Stuart Burrows est un Tamino de haut vol: autant ses incursions dans le répertoire italien du 19ème siècle sont discutables, autant Mozart et particulièrement ce rôle de Tamino lui conviennent à la perfection tant son chant s’avère à la fois déterminé, subtil et racé tout comme c'était le cas avec Wunderlich chez Böhm II. Il était difficile a priori de se mesurer à la Pamina sublimissime de Gundula Janowitz (qui est l’une des rares justifications de l’achat de la version Klemperer) et pourtant Pilar Lorengar parvient presque à se hisser au même niveau: Là où Janowitz jouait de la pureté absolue de son timbre, Lorengar joue la carte de la féminité empreinte d’une certaine sensualité (qui se traduit par le frémissement d’une voix homogène et colorée). Hermann Prey a marqué de son empreinte le rôle de Papageno pendant de longues années sur toutes les scènes internationales et , en l’écoutant, on comprend bien pourquoi: il traduit à merveille la naiveté, la joie, la peur, le désespoir, la lâcheté de son personnage. Bref, il est merveilleusement humain. On n’en dira pas autant des deux têtes couronnées que sont Sarastro et la Reine de la Nuit tant les interprètes retenus ici sont vocalement surhumains. Martti Talvela a peut-être (avec Kurt Moll) la voix de basse à la fois la plus noire, la plus profonde et la plus puissante qui ait jamais existé depuis l’ère du disque et pourtant, par delà l’impression énorme que fait cette voix, l’interprétation ici est d’une luminosité et d’une humanité absolues. Ses deux airs sont de toute beauté. Cristina Deutekom triomphait sur toutes les scènes pour sa spectaculaire et inouie interprétation de la Reine de la Nuit au point d’avoir été consacrée par la critique internationale “plus grande Reine de la Nuit du Monde”. Par delà un débat qui a déjà eu lieu sur tant de forums, force est de constater que jamais le disque ne nous a offert une meilleure synthèse de volume vocal, d’étendue de la tessiture, de facilité dans le suraigu (les contre-fa les plus spectaculaires de la discographie!), de vaillance technique et de caractérisation dramatique. Une vraie Reine de la Nuit surnaturelle! On a fait aussi bien (Edda Moser) mais pas mieux! Le reste de la distribution est de la même volée avec notamment l’extraordinaire Sprecher de Dietrich Fisher-Dieskau (bien plus à sa place ici que dans le rôle de Papageno chez Fricsay et chez Böhm), le Monostatos de Gerhard Stolze inquiétant à souhait, l’espiègle Papagena de Renate Holm sans compter les nobles interprétations des deux hommes d’armes par René Kollo et Hans Sotin.

    Solti a réenregistré la Flûte Enchantée depuis avec nettement moins de bonheur. Les miracles ne se produisent qu’une fois.


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